Claudine Decaux

Comment bien choisir son thérapeute ?

Choisir son thérapeute en 15 conseils

 Il est important de bien choisir son thérapeute. J’écris cet article car je ne compte plus le nombre de personnes arrivant dans mon cabinet et ayant eu une mauvaise, voire une très mauvaise expérience avec un-e soit-disant sexologue, soit-disant thérapeute de couple… 

Lisez cet article jusqu’au bout, je vous donne des conseils éclairés pour bien choisir son thérapeute !

Nous vivons tous -tes un jour des problèmes dans notre sexualité, et souvent, nous attendons pour consulter,  pour diverses raisons.

En effet, qui va consulter au moindre problème ? En général, l’être humain est attentiste… D’abord, parce que nous pensons que le problème est passager, qu’il ne s’agit pas d’un vrai problème ou que cela va s’arranger avec le temps, les vacances, etc. Ensuite, parce qu’il est difficile de se dire qu’on a besoin d’un regard extérieur, qu’on a été dans l’incapacité à trouver des solutions seul-e-s, qu’on se trouve au pied du mur (possibilité de séparation).

Et arrive le moment où la problématique prend toute la place, que ce soit personnellement ou dans nos relations interpersonnelles.

Alors, que faire ? Comment bien choisir son thérapeute ? 

On se met à regarder sur internet, on fait une recherche et là… qui choisir pour nous faire aider ?

Reprenons les bases : le titre de sexologue, sexothérapeute n’est pas réglementé en France. Cela veut dire que n’importe qui, oui n’importe qui peut mettre une plaque rutilante sur sa porte et se dire sexologue, sexothérapeute. Vous retrouverez des personnes ayant tout de même un métier de base dans la santé, comme un médecin, un-e psychiatre, une sage-femme, un-e kinésithérapeute… Leur métier de base est leur métier, ne l’oublions pas. La formation en sexologie qui leur est offerte n’est pas mauvaise mais fortement incomplète, et ils n’y peuvent rien, le système français est tel. Ce qui veut dire que si vous consultez un médecin, il verra votre problème du point de vue médical par exemple. Si vous consultez un-e kiné, il  vous proposera une rééducation périnéale plutôt, etc.

Les formations complètes en sexologie proviennent du Canada d’abord, puis de la Belgique et de la Suisse.

therapeute
choix du thérapeute

Et si vous trouvez un-e psychologue sexologue, qui serait à mon avis, le meilleur choix pour vous aider, il faut alors aussi regarder quelle approche thérapeutique cette personne utilise. 

Tout cela vous semble peut-être aléatoire et inutile, mais le choix de l’approche thérapeutique est fondamentale en sexologie et en thérapie de couple. Si vous allez voir un-e psychologue en psychodynamie (psychanalyse) par exemple, attendez- vous à faire une thérapie durant des mois, voire des années, attendez-vous à entendre « la solution est en vous »… 

C’est un fait, nous prenons rarement le temps de vérifier les intervenant-e-s en santé sexuelle, or cette vérification est fondamentale. En effet, vous allez parler de votre intimité, de vos problèmes, vous vous sentez démunis, impuissants… et si votre interlocuteur-trice n’est pas à la hauteur, vous allez en ressortir encore plus démuni/e et impuissant/e ! En général, on doit tout reprendre à zéro, avec en plus des traumatismes, des manques d’écoute et une proposition de solutions inadéquates qui ont fait plus de mal que de bien…

Sans compter que consulter la mauvaise personne va vous faire perdre du temps, de l’argent, et surtout possiblement vous faire prendre de mauvaises décisions voire envenimer une situation (je pense aux femmes ayant des douleurs , ou les couples en voie de séparation, par ex).

Un-e sexologue, c’est une personne qui a fait des études universitaires dans ce domaine précis qu’est l’être humain, la psychologie, la sexologie. Si vous consultez quelqu’un qui a fait une simili formation en sexologie, vous aurez une simili réponse à vos problèmes.

Lorsque vous avez besoin d’un dentiste, allez-vous chez un arracheur de dents ? Non, bien sûr… Hé bien dans le domaine sexologique, c’est le cas…

Vous remarquerez, si vous faites attention, que sur beaucoup de sites de soit-disant sexologues, vous trouverez surtout un bon site marketing, c’est-à-dire un site plus ou moins accrocheur du genre « vos problèmes réglés en 4 séances », « je vous reçois avec bienveillance » (encore heureux…), « méthode radicale pour l’éjaculation précoce », etc . Aucun tarif sans prendre de rendez-vous, aucun article un peu approfondi sur les thèmes de la sexualité, aucune personne au téléphone.

Alors, des conseils lorsque vous cherchez une personne compétente :

  1. Regardez ce qu’elle a publié, regardez son site, parle-t-il concrètement de sexualité, de rapports humains, de couple ? Et ne restez pas accroché à des phrases toutes faites qu’on trouve partout sur la bienveillance, l’écoute, le non jugement, ce sont des lieux communs…

2. Regardez sa formation, ne vous laissez pas avoir par des formations au titre pompeux, allez vérifier ce que cette formation contient, le nombre d’heures, ce qui a été abordé, la personne a-t-elle fait un stage en sexologie, la formation propose-t-elle des plans de traitement des problématiques sexuelles ? Bon nombre de formations ne contiennent que de la théorie sur ce qu’est une problématique sexuelle, il faut le savoir. Or, vous cherchez  un traitement à vos problèmes, ne l’oubliez pas.

3. Ne vous laissez pas avoir par le nombre d’avis « positifs ». Il est très difficile d’avoir de vrais avis authentiques  de vrais patient-es dans la réalité. Les gens ne mettent pas un avis comme ça, de suite, car ils ont souvent peur du jugement, qu’on voit leur nom, qu’on sache qu’ils ont consulté. Il est très facile avec un bon webmaster d’avoir de faux avis. Des avis nombreux non élaborés, du type « excellent », « bon thérapeute » sont des faux avis. Pour ma part, j’ai parfois des personnes qui écrivent un avis après 2 ans, ce qui est très gratifiant pour moi.

4. N’allez pas chez une personne qui vous propose une offre du type « forfait » ou des séances gratuites, cela est un site commercial pour vous attirer. On ne peut pas payer un forfait en thérapie, tout bon thérapeute pourrait vous dire qu’on ne sait pas combien de séances il vous faudra, puisque le-la thérapeute est là pour vous aider, vous indiquer quoi faire, mais le-la patient-e a son travail personnel à faire, avec ses résistances, ses difficultés. Un bon thérapeute saura déjouer ces résistances, car c’est son métier.

5. Ne vous faites pas avoir par des termes comme « vision globale », « hypnose » etc : pour avoir une vision globale d’une personne ou d’une problématique, il faut être formé-e pour. 

Une vision globale veut dire : connaître le fonctionnement humain du point de vue physiologique, psychologique, psychiatrique, relationnel, émotionnel… Il faut être psychologue et avoir fait des études en neurosciences, en médecine, en psychiatrie, entre autres pour identifier ces aspects chez une personne. Quant à l’hypnose, l’EMDR, l’EFT, il s’agit la plupart du temps de formations de week-end en général (on me le propose souvent en tant que thérapeute) et surtout il s’agit d’outils et non pas de thérapie. L’hypnose n’est pas un miracle, peut aider bien sûr dans certaines circonstances, avec un but précis, mais n’est pas suffisante la plupart du temps. Rappelez-vous que même si vous vous sentez prêt à éradiquer vos problèmes, à aller vite, il faut aller à la racine du problème et utiliser l’hypnose en adjonction le cas échéant.

6. Demandez à lui parler au téléphone. Ce premier contact est très important. Posez- lui des questions sur sa façon de travailler. Si la personne vous dit « nous verrons cela lors de votre séance », elle ne sait pas quoi faire, n’est pas sûre d’elle et vous embobine.

7. Si la personne n’a jamais le temps de vous répondre, c’est qu’elle n’est pas impliquée dans son travail. Bien sûr, les thérapeutes sont occupés, mais pas de réponse dans un délai normal est préoccupant.

8. Lors de la 1ere séance, il faut que cette personne cible concrètement vos problèmes, vous les explique et qu’elle vous propose un plan de traitement. Sinon il s’agit d’un-e « garagiste » …Vous savez lorsque vous avez un problème avec votre voiture, vous êtes anxieux, vous allez chez un garagiste et il vous dit « ah ben là Madame, il fallait venir plus tôt… ça doit venir de la boite de vitesses, il faut que je regarde… non finalement, il faut changer le moteur, pas le choix… », vous irez voir quelqu’un qui tâtonne en fait…

9. Si la personne vous propose des exercices que vous pouvez trouver sur internet… hé bien vous n’avez pas besoin de cette personne. Vous êtes assez grand-e pour trouver des lieux communs sur le net et vous en servir. Vous ne consultez pas un-e spécialiste qui vous donne la même chose que sur internet, vous avez besoin d’une expertise individualisée, car vous êtes une personne à part entière, avec votre histoire, votre construction psychologique, votre expérience de vie…

10. Tenez compte de votre intuition, cette personne vous semble bien, faites le point après 3 séances : vous dit-on toujours la même chose ? vous a-t-on proposé des solutions ? Sentez-vous que la personne est impliquée pour vous aider ? Ou fait-elle juste de l’écoute et vous donne des conseils qu’on pourrait qualifier « d’amis » ? En effet, je me rappelle un patient venu me consulter pour un trouble de l’érection. Il avait consulté un psychiatre sexologue auparavant qui lui avait dit « mais changez de femme, allez voir ailleurs si cela fonctionne »… 

L’alliance thérapeutique est fondamentale dans un plan de traitement. Il faut que le courant passe avec votre thérapeute, mais pas seulement, il faut aussi qu’il-elle vous permette d’avancer.

11. Impliquez-vous dans votre thérapie : posez des questions, parlez de vos anxiétés, vous avez décidé d’aller mieux, vous payez quelqu’un pour atteindre vos objectifs, c’est son travail de le faire, alors participez à votre thérapie.

  • 12. Allez chez quelqu’un qui a déjà une certaine  expérience professionnelle et personnelle. Et posez-lui la question sur cette expérience, avec quelle population a-t-elle travaillé, quel genre de cas a-t-elle eue ? Un thérapeute peut avoir eu une expérience très réduite dans la diversité des cas cliniques, ce qui peut poser un problème, car il-elle sera démuni-e face au vôtre. L’âge du thérapeute compte dans cette expérience, son vécu, le fait qu’il-elle ait fait une thérapie et quel type de thérapie par exemple. Car non, vous ne voulez pas mettre votre intimité dans les mains et le cerveau d’une personne qui n’a rien réglé, qui n’a rien vécu. La personne doit vous comprendre, et même si elle n’aura jamais votre vécu propre, le fait qu’elle ait du vécu peut augmenter la compréhension et l’empathie.
  •  
  • 13. Il faut que le-la thérapeute vous propose des outils thérapeutiques, ce qui veut dire des exercices afin d’améliorer votre vie, vous aider à améliorer une situation problématique. Vous ne pouvez pas vous contenter de conseils, ce n’est pas suffisant.
  •  
  • 14. Ne vous fiez pas à des tarifs exagérés. Non, une consultation ne doit pas coûter 150 euros, c’est du vol. Une personne faisant ce métier doit s’axer sur le bien-être de la personne, qu’elle puisse se permettre une thérapie. Elle doit vouloir aider la personne, s’impliquer et être dans un rapport humain avant tout, pas commercial.
  •  
  • 15. Ne vous faites pas avoir par des « thérapeutes » autoproclamés, du type « empathologue », « énergéticien » et autres termes inventés pour vous mettre en confiance alors que vous êtes démuni-e et que vous avez besoin d’écoute. Il y a en effet une affluence de « thérapeutes » autoproclamés depuis le Covid, où beaucoup de personnes se sont reconverties dans des formations aléatoires sur internet.

Je vous laisse méditer tous ces conseils, prenez votre bien-être au sérieux, il s’agit d’un moment dans votre vie pour changer les choses, pour avoir une meilleure vie, une meilleure intimité, une meilleure sexualité, faire vos choix et être heureux-se !